La justice a été saisie mercredi d'une "demande exceptionnelle mais néanmoins légitime" d'euthanasie de la part d'une mère de famille de 52 ans, Chantal Sébire, défigurée par une maladie orpheline, incurable et évolutive, a-t-on appris auprès de son avocat, Me Gilles Antonowicz. Le président du tribunal de grande instance de Dijon "a mis son jugement en délibéré à lundi prochain", a précisé Me Antonowicz, qualifiant cette démarche de "première".
"C'est une première pour le monde judiciaire, mais nous ne demandons que l'application de la loi, celle du 22 avril 2005 sur les droits des malades, dite loi Léonetti", a souligné le conseil de Mme Sébire. Selon lui, "cette loi reconnait le droit aux malades en fin de vie de refuser tout traitement et le droit de soulager leurs souffrances, mais elle ne dit rien lorsque les malades refusent la solution proposée qui est le coma artificiel et la mort au bout de dix à quinze jours".
"Nous demandons simplement au magistrat de l'autoriser à s'endormir dans l'affection des siens" et de faire ainsi preuve "d'humanité", a conclu Me Antonowicz. Chantal Sébire avait confié vendredi son dossier à l'Association pour le Droit de mourir dans la dignité (ADMD), dix jours après un appel au secours devant les medias pour "qu'on l'accompagne dignement dans la mort". Cette ancienne professeur des écoles de 52 ans, domiciliée à Plombières-les-Dijon (Côte-d'Or) et mère de trois enfants, a appris en 2002 qu'elle était atteinte d'une "Esthesioneuroblastome", une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale.
une question à laquelle je ne me sens pas la capacité de donne une réponse définitive.
doit-on donner à un être le droit de mourir?
peut-on obliger un être à vivre?
faire une loi? faire du cas par cas?
... sur quelle base?
comment puis-je accorder le droit de mourir? comment puis-je imposer la vie?
je pourrais dire que seul dieu accorde et enlève la vie. mais est-ce que je me permets d'appliquer cela à toute les circonstances?
si je dis que seul dieu doit décider de la mort puisque seul dieu donne la vie. si je dis cela et que je veux avoir une "vraie" cohérence, ne devrais-je pas aussi dire que nul n'a le droit d'enfanter?
dieu seul donne la vie, devrais-je refuser de la faire naitre en mon sein? devrais-je attendre un miracle pour que la vie naisse? devrais-je interdire toute participation à cet acte de donner la naissance?
... ou alors puis-je admettre que ce dieu seul qui donne la vie, peut décider de la donner à travers moi?
si j'admets que cette vie que seul dieu donne puisse participer de mon action/implication directe; pourrais-je encore m'opposer à participer à la mort par cet argument?
mais admettons...
admettons que dieu me donne le droit de participer à la mort puisqu'il m'a aussi donné le droit (mais est-ce un droit ou seulement une possibilité?) de participer à la vie...
si j'admets que dieu me laisse face à mon libre-arbitre quant à la question de la participation à la mort, que vais-je faire? vers quoi ma volonté va-t-elle me porter?
si quelqu'un me demandait de l'aider à mourir, pourrais-je le faire? voudrais-je le faire? que vais-je lui répondre?
et avant même de participer activement, ma volonté (conscience ou morale ou je ne sais) voudrait-elle autoriser une telle chose?
si quelqu'un me dit ne plus vouloir de sa vie, vais-je me contenter de sa seule envie? sa seule volonté? son seul libre-arbitre?
vais-je vouloir donner le droit à tout suicidaire de se suicider? sur la seule expression de cette volonté?
que vais-je exiger de lui?
un suicidaire, en général, on voudrait lui faire "entendre raison"... on se dit que, sans doute, il y a une raison X qui le pousse vers ce chemin mais que cette raison n'en est pas une qui soit définitive
"ma femme m'a quitté, je veux mourir.": ah tu sais des femmes il y en aura d'autres, tu pourras aimer à nouveau, tekber w tensa...
"j'ai raté ma vie, je veux mourir.": ah tu sais tu es encore jeune, ah tu sais tu as fait de belles choses, ah tu sais il y a des gens qui t'aiment, ah tu sais il y a des gens qui tiennent à toi, ah tu sais, ah tu sais...
"J'ai une maladie incurable qui me fait souffrir, je veux mourir.": ah tu sais... ah tu sais quoi en fait?
il y a bien quelque chose de différent dans l'idée suicidaire du malade incurable, si différent qu'on ne parle plus de "suicide" ni de désir suicidaire, si différent qu'on a recours à un autre terme. comme si, collectivement, on sent le danger qu'il y aurait à mettre cela dans la même catégorie que le suicide... (et ne parlons même pas de meurtre).
c'est bien différent mais en quoi au juste?
c'est toujours une souffrance qui fait désirer un passage vers un "au-delà"; c'est toujours une perte d'espoir; c'est toujours une abdication de sa volonté de vivre...
pourtant
pourtant, cette souffrance est plus tangible, cette perte d'Espoir est partagée par la collectivité
la personne souffre dans son corps et aucun médicament ne la soulage
la personne a perdu espoir et aucune science ne peut le lui redonner
on reconnait (dans une certaine mesure) l'impuissance de la société face à cette souffrance particulière et on ouvre un débat public (autrement différent de celui concernant le désir de suicide (plus) "commun").
le médecin reconnait son incapacité et se demande s'il ne devrait pas aider cette personne à partir.
verrait-on (voit-on) un psychiatre se demander s'il ne devrait pas aider un dépressif chronique à partir? ah mais le dépressif chronique connait quelques moments moins pénibles...
serait-ce donc que la souffrance physique surpasse celle morale?
serait-ce donc qu'on se demande plus facilement si on peut hâter le processus de la destruction du corps quand elle est prévisible médicalement?
si on ne peut contrôler une douleur (incapacité) du corps, il devient plus aisé de provoquer sa destruction? si on ne peut contrôler une douleur (incapacité) du corps, c'est que les petits moments de "bonheur" ne comptent plus?
si on ne peut plus contrôler une douleur, la vie ne vaut plus rien? doit être cessée?
comment pourrais-je me prononcer moi qui n'ai pas connu cette douleur dans mon corps?
comment pourrais-je spéculer sur les "bonheurs possibles" dans de telles circonstances si je n'ai pas connu cette douleur dans mon corps?
je devrais peut-être laisser partir celui qui veut partir, quand je n'ai plus rien à lui offrir?
puis-je accepter de n'avoir plus rien à offrir à cette personne en douleurs?
et je lui dirais "au nom de la vie"? et je lui dirais "au nom de dieu"? et je lui dirais "au nom de la société"?
mais si la vie, si dieu, si la société n'ont pas voulu(/pu) lui donner foi en eux...
et si moi, je ne peux lui communiquer cette foi, suis-je encore en droit de lui demander quoi que ce soit?
pourrais-je (voudrais-je) lui demander de rester en vie au nom de ma foi? au nom de mon espoir?
pourrais-je (voudrais-je) accepter que ma foi, mon espoir ne soient pas assez? et que je n'ai pas pu les communiquer?
pourrais-je (voudrais-je) accepter que moi qui vit continue de vivre en un monde où d'autres ne supportent pas la/cette/leur vie?
et pourrais-je (voudrais-je) donner mon assentiment pour qu'ils la quittent?
en ai-je le droit? en aurais-je le devoir?