@morjani Piyale c’est bien déficient comme théologie, parfois tu dis là tout le contraire de l’enseignement de l’Église, parfois il s’agit de demi-vérités interprétées de façon malveillante (que tu rejetterais avec indignation si un islamophobe te faisait le coup).
Qu’il y ait eu des abus de pouvoir dans l’Église, oui c’est évident. Les chrétiens, même les évêques, ne sont pas protégés du péché par un champ magnétique! La grâce n’enlève pas l’inclination au mal.
Sans vouloir justifier les Croisades, tu comprends sans doute que certains chrétiens pouvaient l’interpréter comme une guerre défensive : les Arabes avaient conquis la Terre sainte 400 ans plus tôt sans justification morale. Les chrétiens se jugeaient autorisés à reprendre possession de leur territoire. Je dis pas que j’approuve cette vision, mais certains ont pu y croire de bonne foi. Qu’ensuite il y ait eu des crimes de guerre, oui bien sûr et c’est scandaleux, mais on n’en trouvera pas la justification dans l’Évangile. Jésus nous dit d’aimer nos ennemis et dans une parabole il dit de laisser pousser le bon grain avec la mauvaise herbe jusqu’au jour du Jugement. Il y a aussi la parabole du bon Samaritain, qu’on pourrait réécrire aujourd’hui, dans le même esprit, en parabole du bon Musulman.
Il y a pas de théorie du mal incarné dans l’Église, encore moins de telle communauté humaine comme « mal incarné ». Jésus dit que Dieu fait pleuvoir sur les bons et les méchants : Dieu aime tous les humains. Les philosophes de l’Église ont aussi identifié le mal à une privation d’un bien, une déficience, et non à un être ou à une qualité. Et donc comment incarner un non-être, explique-moi?
Quand Dieu s’incarne, selon les chrétiens, il sauve la nature humaine, il la réoriente vers Dieu et la divinise. Mais l’important ici est que l’incarnation signifie prendre la nature humaine, or c’est pas seulement les Européens qui l’ont, mais aussi tous les peuples. Que Dieu s’incarne manifeste son amour pour l’humanité égarée et souffrante. Que Dieu s’incarne dans un pauvre villageois galiléen, éloigné des centres du pouvoir, cela manifeste la préoccupation de Dieu pour les pauvres et les petites gens. Une paysanne de Colombie est souvent plus proche de l’idéal évangélique qu’un cardinal sûr de soi à Rome. Jésus a même dit à des leaders religieux sûrs d’eux que des prostituées les précéderaient au Royaume.
Il y a un autre fait dont tu ne parles pas : Jésus dit que son Royaume n’est pas de ce monde. Il dit cela à Pilate, qui veut savoir si Jésus est en train d’organiser une révolte contre Rome. La récupération politique et guerrière de l’Évangile est donc une trahison. Que des chrétiens s’occupent de politique ou de relations internationales, c’est acceptable, mais pas à la façon dévoyée des Croisés, Conquistadores, esclavagistes, racistes, colonialistes. L’Église n’est pas sur un champ de bataille contre certains peuples. Les États pontificaux, c’est fini, son pouvoir est purement spirituel et moral.