«GILETS JAUNES»
Barrage routier à Carvin : «On est là jusqu’à Noël»
«Tant que ça ne bougera pas, on agira», constate, placide, Rodrigue, gilet jaune et polaire épaisse pour tenir dans le froid. Sur l’A1, à l’échangeur de Carvin (Pas-de-Calais), ce lundi matin c’est blocage total. Et c’est parti pour durer : «On est là jusqu’à Noël», se marre un manifestant. Un syndicaliste, venu sans étiquette, parce que, comme bien d’autres dans le mouvement, il gagne seulement 1 200 euros par mois depuis vingt-cinq ans, le rassure : «Il va lâcher, Macron. Aujourd’hui, c’est différent, c’est le peuple qui est dans la rue.» David, 43 ans, transporteur, n’est pas allé au boulot ce lundi matin : «J’ai prévenu mon patron que je faisais grève parce que je soutenais les gilets jaunes, il m’a répondu "tant pis pour toi"», raconte-t-il. Sa fiche de paie en prendra un coup, mais il est «prêt à rester jusqu’à la fin de la semaine». Ensuite, il ira à Paris, pour la manifestation lancée sur Facebook. Il s’est déjà arrangé avec des copains pour partager les frais. Il bataille pour ses filles : «Elles sont toutes les deux aides-soignantes, elles gagnent 800 euros par mois, avec l’essence à payer.» Elles ne s’en sortent pas. D’autres bossent de nuit, et passent leurs journées sur les ronds-points.
liberation