Bonjour Ebion, encore un sujet sur Dieu tu cherche bien à délier les langues
Mais tu soulève des points importants telle que la métaphysique dans le monde d’aujourd’hui !!
Commençons par Dieu !
J'aime cette expression : Fides quarens intellectum, la foi en quête d'intelligibilité, le croyant
par un mouvement spontané de l'esprit cherche à atteindre l'intelligibilité
et la certitude après-coup. Mais on se trouve également entrain de poser
la question de la possibilité de prouver l'existence de Dieu d'un point
de vue métaphysique. La raison comme disait Kant ne se contente pas
de l'expérience, du concret, elle cherche au delà pour trouver un principe
fondateur de sa démarche intellectuelle et scientifique, Kant fait de Dieu
un idéal de la raison, ce vers quoi tend l'activité scientifique à savoir trouver
la loi de l'univers, de la nature dont découlerait toutes les propriétés
du divers sensible. Kant fait de Dieu une tâche et non une oeuvre,
une limite vers quoi la raison converge sans jamais l'atteindre.
Car Dieu étant l'être suprême, l'absolu ne peut être pensé ni éprouvé,
sinon toute connaissance et toute sensation seront impossibles.
On ne peut rien dire sur Dieu ou sur ses caractéristiques sinon qu'il est
l'être absolu. La raison ne peut penser que ce qu'il tombe sous les sens,
càd les phénomènes et non jamais l'être en soi ou le noumène.
La métaphysique classique a fait un usage illégitime de la raison
en étendant le principe de causalité et les catégories de l'espace et du temps
sur des zones étranges qui ne se laissent pourtant pas saisir par l'espace et le temps.
Tout ce qui échappe aux catégories de l'esprit, ne peut être appréhendé, saisi,
de là la difficulté à penser l’être en soi qu'il soit : Dieu, l'âme ou le moi
ou le monde comme totalité réelle parce qu'ils ne correspondent
à aucune intuition, et toute tentative de sonder ces zones aboutira
aux fameuses antinomies et contradictions insolubles (Les caractéristiques
de Dieu; le monde fini ou infini; l'existence et l'immortalité de l'âme)
Pour affirmer qu’une réalité, quelle qu’elle soit, existe, il faut pouvoir
en faire l’expérience. Et de Dieu il est justement impossible de faire
l’expérience puisqu’il échappe aussi bien à l’espace
qu’au temps qui sont les conditions de toute connaissance
humaine. Autrement dit, il est impossible d’avoir une conn-
naissance de Dieu (ni de son existence, ni a fortiori de ses
caractéristiques essentielles). De Dieu, nous savons seu-
lement qu’il est au-delà de ce que notre entendement peut
connaître.
La métaphysique traditionnelle tombe et avec elle la prétention
des religions traditionnelles d'avoir fondé leurs enseignements sur
des bases rationnelles solides, de là la folie religieuse càd « l’illusion
qui consiste à tenir la simple représentation d’une chose pour équivalente à la
chose même » l’argument ontologique nous donne bien l’Idée
de Dieu comme d’un Être parfait, mais il ne prouve en
aucune façon l’existence de Dieu en dehors de cette Idée.
Concernant le problème strictement religieux, une certaine représenta-
tion subjective de Dieu (comme d’un Dieu jaloux, bon ou
juste...) ne peut en aucun cas devenir un dogme dont on
exigerait qu’il soit accepté par tous. La folie
religieuse consiste donc en un pseudo-savoir de Dieu qui
n’est en réalité que le fait d’une imagination délirante.