Tout semble ensuite s'accélérer avec l'administration Biden, arrivée aux affaires en janvier 2021. L'une de leurs premières demandes de réunion avec les dirigeants de Twitter aurait ainsi porté sur le Covid. Le nouveau gouvernement se serait, selon le journaliste, concentré sur les vaccins et des «comptes antivax» très suivis, notamment celui du romancier et journaliste Alex Berenson, qui sera suspendu définitivement par le réseau social en août 2021. La Maison Blanche colérique Les équipes démocrates auraient accusé les réseaux de «tuer des gens» par leur passivité, en laissant circuler la désinformation à propos des vaccins. David Zweig concède ainsi que c'est avant tout l'exécutif qui s'avérait «insatisfait» et «très en colère» devant le manque de réactivité des équipes Twitter qui, elles, n'auraient «pas totalement capitulé», «débattant de cas de modération en détail», «avec plus d'égard pour la liberté d'expression que le gouvernement». Reste que Twitter «a bel et bien supprimé les opinions - dont beaucoup de docteurs et experts scientifiques - qui s'opposaient aux positions officielles de la Maison blanche», constate Zweig, avant de poursuivre : «des résultats légitimes et des questions qui auraient élargi le débat public manquèrent ainsi». Des bots et des sous-traitants aux Philippines En tête des travers de la plateforme : la modération de sujets médicaux complexes, effectuée massivement par l'Intelligence artificielle, «impressionnante par sa conception», mais encore «trop grossière pour un travail exigeant une telle nuance», et par des sous-traitants, basés notamment aux Philippines, seulement guidés par des arbres de décisions préparés par les équipes de Twitter.
David Zweig pointe aussi la subjectivité des critères de modération, décidés arbitrairement par les dirigeants de la plateforme, elle aussi empreinte «de biais individuels et collectifs», penchant en l'occurrence «lourdement vers les dogmes de l'establishment». Des biais qui auraient inévitablement conduit à qualifier le contenu «dissident mais pourtant légitime» de désinformation, par exemple sur la vaccination des jeunes ou des personnes ayant déjà été malades - une opinion pourtant conforme aux réglementations sanitaires de nombreux autres pays, qui vaudra à un tweet du Professeur de l'école médicale de Harvard Martin Kulldorff d'être étiqueté de «trompeur».
Un cas parmi d'innombrables autres, insiste Zweig. Comme les tweets de scientifiques relayant des études tout aussi scientifiques sur les arrêts cardiaques et les myocardites post-vaccinales, signalées à la fois par des robots et des membres de Twitter, attestant selon l'enquêteur des biais algorithmiques et humains de la plateforme. Twitter assumait son rôle politico-sanitaire Les réponses des services de Twitter aux contestations de leurs décisions de censure exprimaient d'ailleurs en toute transparence leurs objectifs : «nous prioriserons l'étude et l'étiquetage de contenu qui pourraient conduire à une plus grande exposition ou transmission [du virus]». Y compris relativiser le danger du Covid, ou alerter sur celui des vaccins, souligne le journaliste, au point par exemple de s'interroger sur le danger d'un tweet de Donald Trump, où le Président atteint du virus déclarait «N'ayez pas peur». Et Zweig de conclure en se demandant comment la pandémie se serait déroulée si le débat avait été plus ouvert.