Je pense que
@typologie veut parler d’un problème classique chez les philosophes modernes : si on connaît le monde par les représentations qu’on en a (certains disent : nos idées) et non pas par une intuition immédiate ou une sorte de contact épidermique, alors quelle confiance accorder à de telles idées? Quoi qu’on fasse, on peut pas « sortir » de nos idées et aller les comparer au réel, aux choses mêmes. Et Kant en a fait tout un plat.
Imaginons que je vis dans un village et qu’un voyageur de passage me parle abondamment du Guatemala, et il répond à toutes mes questions sur ce pays. Imaginons que je suis pauvre et dans l’incapacité matérielle de me rendre moi-même au Guatemala et que je peux pas parler à d’autres voyageurs ou des immigrants. Ma connaissance du Guatemala est indirecte, par des représentations, des idées que j’ai reçues, et non une expérience directe. Je sais pas si le voyageur qui m’a informé disait la vérité ou s’il me faisait marcher.
Si je suis ce villageois, incapable d’aller physiquement au Guatemala, tout ce que je peux faire, c’est recueillir d’autres informations, de sources variées, et tester la fiabilité des sources (par exemple faire une enquête sur le voyageur). Et ensuite essayer d’organiser les informations recueillies en un portrait cohérent. Et améliorer constamment ce portrait ou le corriger en continuant d’amasser des informations. Ce que je ne dois pas faire, c’est de faire des « déductions » ou raisonnements a priori sur ce que doit être le Guatemala ou, encore pire, imaginer un Guatemala de fantaisie. Je connaîtrai toujours pas le « vrai » Guatemala, mais j’aurai ce qui se rapproche le plus d’une connaissance étant donné mes limitations matérielles.
Avec cette parabole, j’essaye de répondre à la question de Typologie.
Voici la clé d’interprétation :
Le villageois = le sujet connaissant
Le voyageur = les sens, la perception
Le Guatemala = la réalité en soi, inaccessible
Le portrait qu’a le villageois du Guatemala = un modèle scientifique du réel
Les autres sources d’information et la mise à l’épreuve de leur fiabilité = la démarche d’investigation scientifique
La correction de mon portrait du Guatemala par de nouvelles informatioms = le principe de réfutabilité
Essayer d’imaginer le Guatemala selon ma fantaisie ou ma conception du bon sens = une démarche a priori et sans méthode, démarche qui est rejetée par la science