POLITIQUE - La commission parlementaire voulait “mesurer et prévenir les effets de la crise du
Covid-19 sur les enfants et la jeunesse”, elle a tourné au procès en communautarisme. Ce jeudi 17 septembre, des députés LR, ainsi que la députée
LREM Anne-Christine Lang, ont quitté l’audition de représentants de syndicats étudiants
La raison? La présence de la représentante de l’Unef, Maryam Pougetoux, laquelle portait un voile pendant son audition. Pour le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont, la syndicaliste s’est rendue coupable d’un “acte communautariste délibéré” contrevenant au “principe de laïcité auquel doit s’astreindre” l’Assemblée nationale.
Après un rappel au règlement fait par la présidente de la commission, la députée LREM Sandrine Mörch, qui a souligné que, contrairement
à l’hémicycle, ”aucune règle” n’interdisait “le port de signes religieux pour les personnes auditionnées”, sa collègue de Paris Anne-Christine Lang a remis une pièce dans la machine.
“Je ne peux accepter qu’au sein de l’Assemblée nationale, le coeur battant de la démocratie (...), nous acceptions qu’une personne se présente en hijab devant une commission d’enquête”, a insisté celle qui était la porte-parole de Cédric Villani lors des élections municipales. L’intéressée a par ailleurs pris soin d’isoler la séquence et de la publier sur Twitter
pour revendiquer son geste.
En mai 2018, Anne-Christine Lang
avait partagé un texte pointant la “dérive de l’Unef” à la suite
d’une apparition voilée de cette même représentante syndicale, laquelle avait provoqué une très vive polémique. L’élue macroniste, qui s’était indignée qu’un élu RN
s’en prenne à une maman voilée au conseil régional de Bourgone-Franche-Comté, précise au
HuffPost sa position.
“Je suis extrêmement choquée que, dans le cadre d’une audition, une personne puisse venir avec des signes religieux si ostensibles. C’est quelque chose que je trouve anormal. Quand on vient dans le public de l’Assemblée, pour les questions au gouvernement, on peut s’habiller comme on veut, c’est l’espace public. Mais dans le cadre de la participation à des travaux de l’Assemblée, j’estime que non”, persiste-elle, assumant de “poser la question de la modification du règlement”.
En commissoin, sa collègue Sandrine Mörch lui a rétorqué qu’elle ne laisserait pas “ce faux débat autour du voile rentrer dans cette commission censée travailler sur l’avenir et le présent de la jeunesse dans une situation très compliquée”.
Interrogé par
Le HuffPost, Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, rappelle qu’une “personne auditionnée dans un bâtiment administratif, dès lors qu’elle n’exerce aucune mission de service public (comme ici, puisqu’il s’agit d’une représentante syndicale étudiante), peut porter un signe religieux”.
Par ailleurs, “la laïcité ne suppose la neutralité que de celles et ceux qui exercent une mission de service public. Elle garantit pour les autres la liberté, dès lors qu’il n’y a aucun trouble à l’ordre public (en l’espèce, il n’y en a pas)”, poursuit-il.
Maryam Pougetoux avait été au cœur d’une polémique en 2018 lorsque plusieurs personnalités politiques, dont Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, avaient critiqué l’Unef, syndicat étudiant de gauche, pour avoir désigné une étudiante voilée comme porte-parole.