Les autorités appellent à reprendre d'urgence les vaccinations interrompues par le confinement
16/06/2020 à 11h08
La Haute autorité de la Santé appelle à reprendre en urgence les vaccinations qui ont été interrompues pendant le confinement.
La Haute autorité de la Santé appelle à reprendre en urgence les vaccinations qui ont été interrompues pendant le confinement en lien avec l'épidémie de coronavirus. Le nombre de ces vaccinations a considérablement baissé, alertant les autorités sanitaires.
Cet appel concerne à la fois les nourrissons et "les adultes qui ont des maladies chroniques, des fragilités particulières", a expliqué l'infectiologue Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de la Santé.
"C'est une double préoccupation", souligne-t-elle.
Baisse des consultations pendant le confinement
Lors du premier mois de confinement,
la fréquentation des cabinets des médecins généralistes avait considérablement chuté. Le nombre de consultations avait chuté de près de 40%, selon les chiffres de la plateforme Doctolib.
Les autorités sanitaires craignent en effet les conséquences négatives du confinement sur les autres maladies. Dès le début du mois d'avril, Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, a adressé un mail aux médecins pour rappeler l'importance de prendre "contact avec les patients atteints de pathologie chronique les plus fragiles pour détecter un risque de décompensation de la pathologie".
Risque de résurgence d'épidémies
Depuis le déconfinement, les consultations ont repris mais de manière insuffisante. Pour les enfants, "le rattrapage qui a lieu à partir du 11 mai est insuffisant", selon l'infectiologue Élisabeth Bouvet. "Le déficit reste important pour la rougeole, avec le risque de revoir resurgir des épidémies et de perdre le regain de vaccination qu'on avait semble-t-il réussi à obtenir" contre cette maladie contagieuse, craint-elle.
On estime "à 44.000 le nombre de nourrissons âgés de 3 à 18 mois" qui n'ont pas reçu de vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, les méningites dues à la bactérie Haemophilus influenzae de type b et l'hépatite B, note la HAS.
Selon les observations d'Epi-phare, structure réunissant l'Agence du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie qui a publié son troisième rapport vendredi, "il y a eu un effondrement de la consommation sur toute la période initiale du confinement de -35% à -71% pour les vaccins". "On a su assez vite, avec la première enquête Epi-phare, qu'il y avait une réduction des vaccinations", notamment "des vaccins penta et hexavalents qui ne sont faits que chez le petit enfant de 0 à 2 ans", selon la Professeur Bouvet.
Elle mentionne des "diminutions, en proportion, de moins 20% à moins 30% des doses de vaccins achetées, ce qui correspond à une diminution de la couverture vaccinale".
La HAS préconisait, début avril, de maintenir l'ensemble des vaccinations obligatoires des nourrissons, celles recommandées au-delà de 2 ans pouvant être différées jusqu'à la levée du confinement.
Des retards à rattraper
"L'autre problème, ce sont les adultes qui ont des maladies chroniques, des fragilités particulières", poursuit la Pr Bouvet, à propos des vaccins contre le tétanos et le pneumocoque. Les délais sont plus courts pour se refaire vacciner contre le pneumocoque que pour le tétanos, note-t-elle, en conseillant aux personnes à risque de se mettre à jour de cette vaccination.
Les vaccins non réalisés sur l'ensemble des 8 semaines de confinement, et donc à rattraper, concerne 90.000 personnes tous âges pour les vaccins anti-papillomavirus (HPV), 123.000 pour le ROR (rougeole-oreillons-rubéole) et 450.000 pour les vaccins antitétaniques destinés aux rappels des enfants (hors nourrissons, ndlr), adolescents et adultes, selon le 3e rapport Epi-phare.